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Le marché du travail français cherche toujours la formule magique pour garder les plus de soixante ans en activité. Après des années de dispositifs jugés trop complexes ou trop coûteux, le gouvernement s’apprête à tester un nouveau levier : le CDI senior, officiellement baptisé « contrat de valorisation de l’expérience ». Objectif : offrir aux demandeurs d’emploi âgés une vraie stabilité, tout en sécurisant l’employeur grâce à un cadre avantageux. Le projet de loi, déjà voté dans les deux chambres mais encore en navette, pourrait être adopté dès la rentrée.
Pourquoi créer un CDI senior maintenant ?
En 2023, seuls 38,9 % des Français de 60 à 64 ans occupaient un poste, loin derrière la moyenne européenne. Lors des négociations interprofessionnelles de l’hiver, syndicats et patronat ont donc cherché une réponse commune.
Le CDI senior arriverait pour cinq années d’expérimentation et ciblerait les chômeurs de plus de 60 ans inscrits à France Travail. Ou 57 ans si la branche en décide ainsi. L’idée est simple : redonner un horizon aux candidats expérimentés sans peser sur la trésorerie des entreprises.
Un contrat sécurisé pour le salarié
Contrairement aux CDD de fin de carrière, le CDI senior est conclu sans limitation de durée. Il ne peut être rompu que lorsque le collaborateur atteint l’âge légal du taux plein. Autrement dit, la personne recrutée n’a plus à craindre une non-reconduction quelques mois avant la retraite.
En parallèle, le texte renforce l’entretien de mi-carrière : réalisé autour de 45 ans, il doit désormais être suivi d’une visite médicale et d’échanges sur d’éventuels aménagements de poste. Deux ans avant les 60 ans, un nouvel entretien permettra d’affiner le plan de fin de carrière.
CDI senior : un coup de pouce financier pour l’employeur
Pour convaincre les entreprises, le gouvernement mise sur un allègement ciblé. Pendant trois ans, la contribution patronale de 30 % due sur l’indemnité de mise à la retraite serait annulée. Cet effacement compense le risque perçu d’embaucher un salarié dont la sortie se profile.
Les responsables RH voient aussi dans le CDI senior l’occasion de capter rapidement des compétences pénuriques. Notamment dans l’industrie, la maintenance ou le conseil.
Négociations de branche et retraite progressive adaptées
En plus du CDI senior, le projet impose aux branches professionnelles une séance de négociation consacrée aux seniors tous les quatre ans. L’enjeu est de fixer des objectifs sur la qualité de vie au travail, la formation ou l’adaptation des postes. De leur côté, les entreprises de plus de trois cents salariés devront mener ces discussions séparément des autres thèmes sociaux.
En aval, le texte facilite l’accès à la retraite progressive dès 60 ans. Le salarié pourra passer à temps partiel tout en validant ses droits. Sauf si l’employeur refuse par écrit pour des raisons opérationnelles précises.
👉 À noter : il est aussi possible de partir progressivement à la retraite dès 60 ans grâce à un dispositif adapté.
Dernière ligne droite législative
Une commission mixte paritaire a travaillé à un compromis entre Sénat et Assemblée. Le document final est attendu ce jeudi en séance publique. Si le calendrier est respecté, le CDI senior pourrait entrer en vigueur dès 2026, pour une durée pilote de cinq ans.
À lireCaisse de retraite : pourquoi cette femme doit rendre 8 000 € pour un jour de travail en trop ?Reste à savoir si les entreprises joueront le jeu et si les candidats expérimentés y verront un vrai tremplin. Le succès du dispositif dépendra largement de la capacité des partenaires sociaux à installer une culture de carrière longue au sein des organisations.